Je m'appelle Léo.

Je m appelle leo

Aurélie, la petite fille qui m'a acheté, m'a appelé comme ça pour que je porte le même prénom que son amoureux à l'école.

Je ne comprends pas ce qui se passe. On regardait le feu d'artifice. Les gens criaient de joie, les yeux émerveillés. Puis on a entendu des coups de feu, des cris de détresse, des appels à l'aide et on a senti la mort arriver. Glaciale, comme si le temps s'était arrêté.

On n'a pas voulu y croire. Après le 13 Novembre, que pouvait-il nous arriver de pire ? Le chef de la France nous avait dit qu'avec l'état d'urgence on serait plus en sécurité. 
Mais nous ne comprenons pas trop en voyant ce camion qui change de direction et ne circule plus sur la chaussée.

Des gens semblent prendre conscience de la situation. D'autres non. Aurélie tient la main de son Papa et elle se met à courir. Le nombre de gens nous empêche de nous enfuir.
Les cris s'intensifient, le bruit d'un moteur aussi.

Aurélie me serre fort contre elle. Comme avant de s'endormir le soir. Je sens son cœur battre vite. Beaucoup plus vite que d'habitude. Des gens nous bousculent et dans un choc Aurélie finit par me lâcher.

Le bruit du moteur est très proche. Je vois Aurélie et son père qui essayent de partir sur le côté à toute vitesse mais le mouvement de foule les en empêche.

Je vois le camion passer juste à côté de moi. Ce que je vois derrière me fait comprendre que l'enfer se trouve maintenant sur Terre.

Aurélie a juste le temps de se retourner. Ses yeux en disent long. Un nouveau cap a été franchi sur le sol de notre patrie, avec des pratiques qu'ils utilisent déjà en Syrie depuis près d'une décès-nie.
Ils assassinent des enfants. Ils assassinent notre avenir. Et cela donne juste envie de vomir.
On comprend réellement maintenant que cela peut arriver n'importe où, n'importe quand, parce que comme disait Aurélie, « Ils sont trop bêtes les méchants » et ils ne jurent que par le sang.

Le camion faucheuse vient de passer. Aurélie ne bouge plus. Elle est par terre, à quelques mètres de moi. Je ne vois plus son Papa.

Les yeux rivés vers le ciel de cette si jolie côte d'Azur, je la sens rejoindre les étoiles, elle, et son âme si pure.

Il y a 227 ans, le peuple pleurait de joie d'avoir fait tombé le mal et la terreur par le sang. Aujourd'hui, le mal et sa terreur font couler le sang et les larmes du peuple.

Aurélie ne croyait pas au hasard mais au destin. Le soir du 13 Novembre, elle m'avait dit dans son lit que si elle se retrouvait face à des méchants un jour, elle n'y pourrait rien, elle serait juste au mauvais endroit au mauvais moment. Et qu'elle allait profiter encore plus de chaque instant avec ses parents.
Et depuis hier, c'est comme ça que pensent beaucoup de gens.
Qui se demandent pourquoi on a élu des responsables qui n'ont jamais vraiment maîtrisé la situation au gouvernement. Qui n'écoutent leur peuple par intérêt qu'une fois tous les 5 ans.

Je refuse de m'habituer à vivre dans un monde où la joie sera notre vitamine. Et la mort, notre voisine.
Aurélie rêvait de se marier avec son prince et en robe blanche c'était son plus joli rêve d'enfant.
Et je vois un pompier s'approcher d'elle, le cœur lourd et comme un symbole, la recouvrir d'un drap blanc.

Grandir, combattre, aimer. Je souhaiterais que ça soit notre devise pour les prochaines années.

La vie est une flamme qui finit un jour par s'éteindre, c'est vrai. Aurélie venait de souffler sa sixième bougie en Juillet.

Et aucun discours, aucun mot, et aucune aide de la patrie ne pourra jamais éponger les larmes de sa famille.

Je m'appelle Léo.

J'ai aimé Aurélie comme elle aimait la vie. Je la sais heureuse désormais au Paradis.

Je ne suis qu'un bébé en plastique témoin d'un acte immonde, hier la panique nous a tristement appris, encore, et peut-être que demain, à force d'être nous, on arrivera à changer le monde.

 

Clément Bonpoil

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